Ozho Naayé -
Production et diffusion
Annonce d'une parole libre
LAMP
- 1992, j’ai 12 ans,
je me jette à l’eau pour la première fois,
la mer est trop froide
, je tisse la toile des récits que j’ai entendu 100 fois,
je nage vers ces voix là,
vers les bribes qui versent l’eau dans mes poumons,
je m’oublie.
quel serai ton nom?
- 2001,
le mur est là à quelques mètres,
l’homme s’ y trompe
je ne suis qu’une ombre,
fantôme en girofar giratoire,
ratée européenne,
j’avale chaque brique pour chaque os de mon corps,
j’y perds mes yeux, ma voix, encore
j’y trouve le chemin des langues inconnues,
je m’ y perds, je m’y perdrai
Nous arrivons nus.
J’ai 20 ans,
le bateau est trop petit,
je fais marche arrière,
sous le camion il fait 1000 degrés,
les contrôleurs en excès
de kérosène,
j’expire
les kilomètres sur ma peau brunie.
Mon sang change de couleur,
ironie des heures,
dans quel pays je suis,
qu’est ce que ça change, je suis ici?
j’arrive cramée sous la pluie d’un bâtiment en horloge alicien,
ils disent quoi? Tu dis quoi?.
La fouille n’aura durée qu’une minute et le billet grec en poche m’effarouche,
je m’y retrouve là-bas.
L’enfer n’a de paradis que s’il en existe un, il n’en existe pas
- 2010,
je suis déjà mort,
Je ne parle plus, mutation des Hommes refoulés,
ma patte est noire
elle ne passe nulpart,
je suis le fantôme du château hanté par les âmes de ceux mal arrivés,
mal partis, arrachés par les barbelés
humains,
l’ossuaire
européen
crie,
des mers, aux terres d’alexandropouli,
les cimetières s’empilent, nous vivons là,
nos tombes sont les seuls papiers où existent encore nos noms
perdus,
sous les manteaux des passeurs,
menées par les politiques nationales,
voix fermés, voix ouvertes, voix ferrées, voix maritimes, voix routières…
Nous, nous, restons muets.