NOEMI AUBRY - Photographies
Boxe Lover - France/Espagne 2018
Il s'agit de se concentrer autour de différentes pratiques de combats. Voir comment là, se joue la boxe et l'amour.
Porter le coup, déplacer son poids, le pied dans le sol, l'autre en cigogne qui se fait éclater un coude sous son nez, je veux dire à sa barbe. Et il rit, il danse, il salue un maitre invisible. Le tatami est trempé, on glisse à marcher légèrement dessus. Se sentir sous la sueur, sous les yeux qui se plissent et pour moi implorent la colère d'habiter leur ombre, donner le courage de
Les tibias claquent, c'est un bruit que l'on ne connait pas.
Il s'enlace à demi bouche consentante, un instant tu as envie qu'ils enlèvent leur tee shirts, qu'ils s'allongent au sol et qu'ils se laissent prendre par d'autres gestes. Le bruit du tibia, le rêve claque, aussi, ils cognent, répètent. Le souffle comme un mime de chaque poing, coude, tête, pied, chaque articulation, os, tendon devient présent, visible je veux dire, suintant, on ne s'allonge pas. Pourtant ce souffle se voudrait autre, se toucher, se fatiguer, je vois ces garçon s'aimer là et je tourne autour d'eux, avec la peine de surtout ne pas les réfreiner. Moi je m'allonge, je les écoute, je ne peux pas les imaginer, tant chacune de leur habitude m'est inconnue.
Ils sont mains nues, pas de gant, seule la confiance les fait se battre, la confiance en l'autre, il n'y aura pas d'arcade éclatée, pas de sang sur l'eau du tatami, pas de fracas. Bam un tibia claque encore. Ils sont 4 ou 10, ils gigotent pour moi, je ne sens plus l'odeur de la salle, leurs odeurs, des sueurs qui ne se lavent pas. On les essore celles-ci. Il pleut des sacs des petits, des gros, j'ai la tête au plafond, puis sur leurs pieds, leurs jambes, ils se frôlent, tournent, grandissent, en héron. Les oiseaux s'agitent, le bruit de leurs ailes en continu, ils battent le tempo. Leurs mains se tordent, miment, ajustent. Elles se lient, la droite à la gauche, ils penchent la tête.