Perdre sa trace, perdre et courir, parcourir sans poser un pied, un vêtement, une valise, parcourir le vide qui ne peut être contenu dans l'attente d'un meilleur. Et continuer d'en rêver, dans l'intérieur cloitré d'une cellule veineuse. Le corps par-delà tout, qui sue, qui nage, qui gèle, qui se coupe, mais qui ne s'arrête pas de penser à ailleurs. Partout sauf ici, ne pas vouloir y crever, là. Pourquoi ces lieux sont ils faits, quand au premier regard, les yeux fracassent le cerveau qu'ils ne sont pour personne. Ils sont vides, et pâles, et tailladés pourtant des présences passées. Du passé dans les pupilles quand aucun bateau n'a su faire arriver le futur avec le corps malmené. Le corps arrive seul et laisse ses traces anonymes… des noms, des bouteilles vides, des écritures qui paraissent dessins, un pull… Objet abandonné sans corps non plus. Des lieux puant de l'accueil inaudible. Nous ne sommes pas ces places, nous, aucun, d'aucune manière. Et pourtant, les portes fermées, ouvertes, verrouillées, les portes parlent, les murs suintent, des fantômes qui ont abandonné une partie d'eux mêmes ici, des fantômes sans drap, des fantômes sans peur à donner, seulement des fantômes en os, en peau, en douleur, en parole.

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N.Aubry